SUD Éducation – Programmes d’éducation à la vie relationnelle et sexuelle (EVARS) : La ministre ne doit pas reculer !

SUD éducation condamne fermement les propos d’Alexandre Portier sur les programmes d’EVARS lors d’une séance au Sénat ce mercredi 27 novembre. Le ministre délégué en charge de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel se fait le porte-voix de l’extrême droite en répondant à une question du sénateur très conservateur Max Brisson : « Il est hors de question de laisser faire tout et n’importe quoi, je vous le dis en tant qu’élu et en tant que père de famille, ce programme en l’état n’est pas acceptable et il doit être revu ». En plus d’être l’illustration d’un patriarcat dépassé, les propos du ministre piétinent encore une fois le travail entre les instances ministérielles et les organisations syndicales. Les programmes sont effectivement en discussion depuis plusieurs mois et un projet avait été présenté aux syndicats avant la réunion du conseil supérieur de l’éducation (CSE). Par ailleurs, le ministre invoque la « théorie du genre » reprenant à son compte toute la communication transphobe et complotiste des groupes d’extrême droite comme Le syndicat de la famille (ex Manif pour tous), SOS éducation ou Parents vigilants.

Les nouveaux programmes d’EVARS avaient été annoncés par Pap Ndiaye en juin 2023, L’EVARS doit en effet contribuer à protéger les enfants des violences sexuelles et sexistes et à lutter contre les stéréotypes et les discriminations. Or, le ministère  n’a cessé d’ajourner leur publication par peur d’une mobilisation de l’extrême droite. Déjà en 2014, la mobilisation de groupes religieux et réactionnaires, avait conduit Benoit Hamon, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, a abandonné l’ancêtre de l’EVARS, les “ABCD de l’égalité”.

Le ministère semble donc à nouveau reculer face à l’offensive de l’extrême droite qui semble exercer une pression importante sur le gouvernement. L’EVARS est une nécessité pour nos élèves. Pourtant, le ministère ne se donne toujours pas les moyens d’appliquer la loi de 2001 instaurant 3 séances d’éducation à la sexualité par an pour chaque élève tout au long de sa scolarité, et ne respecte pas le Code de l’Éducation. Il est urgent de lutter contre les LGBTIphobies et les violences sexistes et sexuelles. 

Par ailleurs, SUD éducation se placera toujours aux côtés des enfants Trans et condamne fortement les propos d’Alexandre Portier, allant jusqu’à les mettre en danger. Les établissements scolaires doivent offrir un espace sécurisant et émancipateur aux élèves et ne pas être un espace où la transphobie perdure, stigmatise, conduisant parfois jusqu’au suicide.

Pour rappel les violences sexuelles, notamment l’inceste, touchent 160 000 enfants chaque année. 2/3 des enfants de moins de 15 ans et 1/3 des enfants de moins de 12 ont déjà eu accès à des images pornographiques. Les actes LGBTIphobes ont augmenté de 28 % en France entre 2020 et 2021 et doublé en cinq ans et les personnes lesbiennes, gays et bisexuelles sont 2 à 3 fois plus souvent exposées à des violences psychologiques, verbales, physiques ou sexuelles que les personnes hétérosexuelles. Les chiffres sont encore plus alarmants pour les personnes trans. 

SUD éducation interpelle la ministre qui ne doit pas reculer face aux attaques LGBTIphobes de l’extrême droite. Le ministère doit publier les programmes d’EVARS tels qu’ils ont été travaillés avec les organisations syndicales en conservant  la notion d’identité de genre des programmes.

Communiqué de presse de la FSU : Enseignement de la vie affective, relationnelle et sexuelle :ne rien céder aux réactionnaires et à l’extrême droite

Depuis quelques mois des associations et des collectifs de parents se revendiquant plus ou moins ouvertement de l’extrême droite (Parents Vigilants, Parents en colère, syndicat la Famille, SOS Éducation, etc.) mènent campagne contre le projet de programme d’enseignement de la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) : tracts mensongers distribués aux parents d’élèves, menaces contre les personnels, rassemblements devant des rectorats. Elles remettent en cause ouvertement l’obligation de la mise en œuvre de cette éducation à l’école, l’intérêt de celle-ci et le programme en cours de publication sur la base de mensonges et d’une vision rétrograde de l’École et de la famille. Depuis, ces critiques réactionnaires ont trouvé un écho médiatique, par le relais des médias de Vincent Bolloré, mais aussi politique, notamment par les déclarations d’Alexandre Portier, ministre délégué à la Réussite scolaire et à l’Enseignement professionnel. Ce dernier a repris les fake news des milieux conservateurs, relayant la supposée existence d’une « théorie du genre » pour décrédibiliser l’ambition du programme d’EVARS. L’enseignement catholique privé a aussi émis de grandes réserves, demandant que le texte soit « profondément remanié », remettant en question la légitimité de l’Éducation nationale de dispenser un enseignement de la vie affective, relationnelle et sexuelle.

La FSU dénonce une diabolisation artificielle et des propos mensongers qui viennent affaiblir la légitimité de ce programme. Or, ce dernier est indispensable : il y a urgence à ce que l’éducation à la vie sexuelle et affective soit effective dans les écoles, collèges et lycées, tout comme les trois séances par an d’éducation à la sexualité.  Il y a un double enjeu d’éducation et de prévention. C’est le socle incontournable de la lutte contre les inégalités filles/garçons, à travers par exemple la déconstruction des stéréotypes de genre. C’est aussi un levier de la prévention contre les violences sexistes sexuelles ou les violences intrafamiliales grâce à une meilleure connaissance de leur corps et de leur intimité par les enfants dès le plus jeune âge. La CIIVISE le rappelait l’an dernier : nous avons en moyenne trois enfants par classe victimes d’inceste. Enfin, le procès de Mazan le rappelle chaque jour, la notion de consentement doit être enseignée et bien mieux comprise et appréhendée par les jeunes. Le programme d’EVARS apprend aux élèves à mieux se connaître et à connaître, respecter les autres, quels qu’ils soient. Il rejoint donc complètement une des ambitions fondamentales de l’École publique. 

 Après quelques heures de flottement, la ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet a affirmé l’importance de ce programme et sa volonté d’aboutir rapidement à un programme permettant d’atteindre les objectifs de l’EVARS. La FSU sera extrêmement attentive à la version du programme qui sera présentée en Conseil supérieur de l’Éducation : elle n’acceptera aucun recul qui marquerait un renoncement aux ambitions protectrices et émancipatrices de l’EVARS. Ce projet doit rapidement aboutir à un programme ambitieux à la hauteur des enjeux sanitaires, sociaux et émancipateurs et le ministère doit par ses actes et textes d’accompagnement du programme permettre sa mise en œuvre, soutenir et protéger sans ambiguïté les personnels. Sur ce sujet, comme sur d’autres, l’École ne doit jamais reculer face aux réactionnaires et à l’extrême droite.  

Bagnolet, le 3 décembre 2024