Madeleine Riffaud est décédée ce 6 novembre à l’âge de cent ans. Le SNJ-CGT tient à rendre hom-
mage à cette résistante, poétesse, journaliste, militante communiste et camarade de syndicat. Elle
avait la modestie de déclarer en 2000, dans les Sept vies de Madeleine Riffaud, le documentaire de Jorge Amat : « Il n’y a rien d’extraordinaire dans ce que j’ai fait, rien du tout. » Ces « sept vies » semblent pourtant témoigner du contraire. Comme en atteste notamment la longue notice biogra- phique que lui consacre le dictionnaire du mouvement social et ouvrier, Le Maitron (lire ici).
Fille d’instituteurs dans la Somme, Madeleine Riffaud part dans le Limousin pendant l’exode du printemps 1940, avant de rejoindre Paris, où elle s’engage au Front national des étudiants, une orga- nisation communiste. En 1944, elle adhère au PCF et rejoint les FTP. En juillet, elle tue un soldat allemand. Arrêtée, torturée, emprisonnée à Fresnes, elle échappe de peu à l’exécution. Elle est libé- rée juste avant la libération de Paris, à laquelle elle participe.
Par ailleurs autrice de recueils de poésie, elle devient journaliste, d’abord au quotidien communiste Ce Soir, dirigé par Louis Aragon, puis à la Vie Ouvrière, l’hebdomadaire de la CGT alors dirigé par Gaston Monmousseau, avant de rejoindre en 1958 la rédaction de l’Humanité, dont le rédacteur en chef était André Stil.
Pour l’Humanité, elle couvre notamment la guerre d’Algérie, où elle est victime d’un attentat à l’ex- plosif de l’OAS. « Jamais de ma vie, je n’ai vu une guerre aussi sale », assurait Madeleine Riffaud, citée par notre camarade Rosa Moussaoui dans l’article que consacre l’Humanité d’aujourd’hui à cette « reporter intrépide, poétesse ardente ». Elle est ensuite envoyée au Vietnam. Elle signe égale- ment une enquête remarquée sur le milieu hospitalier parisien, pour laquelle elle se fait embaucher incognito comme « fille de salle ».
Madeleine Riffaud a également été une camarade, adhérente au SNJ-CGT. Nous avons retrouvé dans nos archives une lettre d’octobre 1965, dans laquelle le syndicat la félicite d’avoir reçu le prix Julius Fucik (journaliste tchécoslovaque, résistant assassiné par les nazis), décerné par l’Organisation internationale des journalistes (OIJ), et l’invite à fêter l’événement.
Toujours citée par l’Humanité, elle résumait ainsi sa carrière de journaliste : « J’ai toujours cherché la vérité. Au Maghreb, en Asie, partout où des peuples se battaient contre des oppresseurs. Je cher- chais la vérité : pas pour moi, mais pour la dire. Ce n’est pas de tout repos. J’ai perdu des plumes à ce jeu. J’en ressens encore les effets dans mes os brisés. Mais si c’était à refaire, je le referais. »
Montreuil, le 7 novembre 2024.