Une fois encore, le groupe identitaire d’extrême droite Patria Albigés exploite les peurs et attise la haine, instrumentalisant un fait divers à des fins xénophobes et racistes.
C’est cette fois à Castres qu’il souhaite organiser le dimanche 10 novembre un rassemblement « contre l’insécurité » et « pour Léo, le jeune Castrais poignardé à la sortie d’une discothèque ». Le 4 novembre le Tribunal correctionnel de Castres a pourtant requalifié les faits de violences avec armes en violences simples. Les milieux d’extrême droite s’étaient rapidement emparés de cette affaire, présentée comme une tentative de meurtre anti-Français. Bernard Carayon, maire de Lavaur, récemment rallié au parti UDR d’Éric Ciotti, ou encore Frédéric Cabrolier, ancien député RN du Tarn, ont ainsi saisi cette agression pour répandre sur les réseaux sociaux leurs thèses racistes et anti-immigration.
Du côté de Patria Albigés et ses alliés d’extrême droite, la stratégie est donc simple : dramatiser l’affaire, exciter la haine et la diriger contre les populations immigrées et/ou racisées. En cela, le groupe identitaire tarnais reprend une stratégie désormais bien rodée de l’extrême droite et qui se déploie à l’échelle nationale. Le rassemblement organisé à Castres, les mots d’ordre sur lesquels il repose, font ainsi écho à la manifestation organisée par l’extrême droite ce samedi 02 novembre autour du slogan « Martyrs de l’immigration, ni oubli ni pardon ».
Nous déplorons l’agression dont a été victime Léo le 1er novembre. La récupération raciste qui en est faite est parfaitement odieuse. Elle s’inscrit dans un contexte politique où prolifèrent ces idées dangereuses, pénalement répréhensibles. Leur expression s’est désormais banalisée et s’opère sans complexe. Elle est encouragée par un gouvernement qui participe à leur propagation, comme en témoignent les déclarations violentes contre les personnes migrantes proférées par le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau ou par son ministre délégué à la sécurité du quotidien, Nicolas Daragon. La rhétorique déployée par ces ministres accrédite des thèses racistes et recueille l’assentiment de l’extrême droite.
A Albi déjà, s’est tenu le 12 octobre un rassemblement « pour Kylian et Philippine », opération de récupération de meurtres dramatiques. Son autorisation par la Préfecture du Tarn a suscité notre colère et notre indignation. A l’occasion de ce rassemblement une banderole a été déployée, sur laquelle on pouvait lire place du Vigan : « Justice pour nos martyrs […] Remigration maintenant ». N’est-ce pas suffisamment clair, Monsieur le Préfet ?
Si cela ne l’est pas alors rappelons que Patria Albigés sévit dans le Tarn depuis quelques années, s’illustrant par des idées et pratiques dangereuses pour notre société, et contraires à la loi. Plusieurs de leurs membres ont essuyé des condamnations en justice : l’un d’entre eux a écopé de 8 mois de prison avec sursis suite à l’agression de deux étudiants syndicalistes ; trois autres ont été condamnés en décembre 2023 à 3 mois de prison avec sursis pour incitation à la haine. D’autres faits manifestement xénophobes ont été accomplis sans complexe ni retenue ; des plaintes ont été déposées. Elles sont en cours de traitement.
Nous alertons sur les dangers que feraient courir le rassemblement prévu à Castres ce dimanche : actes racistes, appels à la vengeance, incitation à la haine et à la violence. Comme dans d’autres villes françaises et ailleurs en Europe, ce type d’« hommage » est un nouveau moyen d’exposer et nourrir le racisme. La Préfecture du Tarn ne peut pas ignorer les véritables visées idéologiques de Patria Albigés. Il lui appartient de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour empêcher le déversement de propos et actes racistes dans nos rues, de prévenir tout phénomène de vengeance et de faire respecter la loi.
Albi le 06 novembre 2024 – UD CGT Tarn / FSU 81 / Union syndicale Solidaires Tarn