Publié fin novembre 2023, notre dossier n°12 est complété par quelques compléments d’actualité :
- Un article de Visa intitulé « Méloni, antiféministe et homophobe »
- Un point d’actualité sur le rassemblement et les saluts fascistes du dimanche 7 janvier en Italie avec la présence de français
- Un lien vers un article de Médiapart sur les relations étroites entre le Rn et l’extrême droite Italienne : https://www.mediapart.fr/journal/international/170124/gian-luigi-ferretti-le-trait-d-union-entre-le-rn-et-l-extreme-droite-italienne
Retrouvez le dossier initial de VISA : https://visa-isa.org/article/dossier-visa-n12-de-litalie-de-meloni-a-la-france-de-le-pen
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Méloni, antiféministe et homophobe
Fin novembre 2023, Georgia Méloni était interpellée par l’opinion publique suite à un énième féminicide en Italie. Sa réponse fut d’appeler les femmes « à ne pas se mettre en situation de se faire violer », sous-entendant que les victimes sont responsables des viols qu’elles subissent.
Le ministre italien de l’Éducation Giuseppe Valditara, sous la pression de l’opinion publique, a, de son côté, présenté le plan « Éduquer aux relations », pour introduire une éducation sexuelle et affective dans les lycées. Mais attention, non obligatoire, car il prévoit le consensus des étudiant.es et de leurs parents.
C’est-à-dire que des « parents vigilants » italiens, cousins réactionnaires des parents « Zemmourien », pourront refuser que leurs enfants assistent à ces cours.
Telle est la politique en non-faveur des femmes du « premier ministre » (Méloni refuse la féminisation du nom de sa fonction), issue du mouvement néo-fasciste Fratellini d’Italia, qui a pris le pouvoir en Italie. Et quand elle est dénoncée par les féministes pour son indifférence et son inaction face aux crimes et méfaits du système patriarcal, Giorgia Méloni publie une photo d’elle avec sa fille, sa mère et sa grand-mère, comme si son « genre » était en soi une démonstration qu’elle défendrait le matriarcat et les intérêts des femmes dans son pays.
Dieu, partie, famille
« Je m’appelleGiorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne », a déclaré Méloni lors d’un meeting en 2018, voici résumée, sa devise et l’orientation de son programme concernant la condition féminine.
Cette déclaration de guerre contre les féministes, contre les militant.es des droits LGBTQI+, ou encore les défenseurs des migrants est en train de se concrétiser peu à peu dans la politique élaborée et mise en place petit à petit par son gouvernement.
Petit à petit, car l’Italie faisant partie de l’UE, elle doit, pour continuer à bénéficier des aides financières européennes, respecter un certain nombre de critères concernant le respect des droits des femmes, des homosexuel.le.s et des minorités de genre.
Concernant l’avortement, le gouvernement d’extrême droite, empêché par les contraintes européennes de toucher à la Loi de dépénalisation, met néanmoins tout en œuvre pour le mettre hors de portée des femmes qui en font la demande, en le rendant encore plus difficile. Nombre de gynécologues recourent déjà à l’objection de conscience pour refuser de les pratiquer.
Méloni défend les valeurs traditionnelles et la culture catholique dans ce qu’elle a de plus sexiste et réactionnaire.
Il n’y a bien sûr pas de ministère du Droit des femmes dans son gouvernement où l’extrême droite est hégémonique, mais un ministère de la famille, de la natalité et de l’égalité des chances dirigé par Eugénia Rocella qui fut dès 2017 militante de la « Manif pour tous » version italienne, gravitant autour des cercles les plus intégristes de l’église catholique sur les questions de genre.
Pour toute cette mouvance conservatrice et réactionnaire qui gravite autour du gouvernement Méloni, le modèle familial proposé est celui considéré comme «naturel», fondé sur le mariage hétérosexuel et la division rigide des rôles masculins et féminins, modèle dans lequel les femmes garantissent l’«économie du don», un travail de soin non rémunéré et non reconnu dans une société organisée selon les principes de la hiérarchie des classes et des sexes, de l’individualisme compétitif et du profit individuel.
Cette orientation idéologique ne se concrétise pas encore dans des décisions actées politiquement, mais les déclarations « du » ministre et de sa garde rapprochée montrent que le but du gouvernement consiste à terme de remettre en cause les droits des femmes durement acquis grâce aux luttes féministes.
Ainsi, Méloni, tout en se défendant de vouloir remettre en cause l’avortement, dit vouloir protéger la maternité et mettre en place des solutions pour permettre aux femmes de ne pas avorter en déclarant : « Nous ne toucherons pas à la loi sur l’avortement, nous voulons juste que les femmes sachent qu’il y a d’autres options ». Arguments habituels que nous connaissons de la part de l’extrême droite, prémices à de futures limites et restrictions du droit à l’IVG.
Pour Georgia Méloni et son gouvernement truffé d’intégristes catholiques et de néo-fascistes, l’IVG est un droit provisoire des femmes avec lequel ils sont contraints de composer, avec le projet à terme, de le remettre en cause.
Giorgia Meloni incarne cette droite dure et nationaliste qui veut renforcer la natalité et craint le déclin de la population face à une arrivée de personnes étrangère.
« La population italienne est en déclin. Je ne dis pas que les étrangers ne devraient pas avoir d’enfants mais nous devons créer les conditions pour que les Italiens se reproduisent » déclarait Carlo Ciccioli, un des leaders de Fratelli d’Italia avant les élections. Pour ce parti néo -fasciste au pouvoir la maternité pour la femme ne doit plus être un choix personnel mais pour la nation ou la patrie, pour la démographie.
Attaque contre les LGTBQI+
Giorgia Meloni mène une véritable croisade contre les familles homoparentales en Italie. Ainsi, son gouvernement mène une offensive sans merci contre les droits des LGTB+ en particulier concernant les droits et l’état civil des enfants de couples homosexuel.le.s. Le gouvernement a ainsi demandé aux préfets de veiller à ce que l’état civil des enfants ne comportent pas le nom de deux pères ou de deux mères. Rapellons que l’Italie a été le dernier pays d’Europe occidentale à mettre en place, en 2016, une « union civile » entre personnes de même sexe et que celle-ci a été votée a minima, en excluant toute disposition sur les questions de filiation…
Les couples lesbiens ayant eu des enfants par PMA ne pouvaient donc être reconnus comme parents qu’à travers deux processus :
– Soit se lancer dans une « adoption spéciale » de l’enfant du parent avec qui l’on est en couple. Une possibilité soumise à l’appréciation différenciée des juges, car ce type d’adoption est à l’origine destiné à des couples hétérosexuels, et souvent réservé à la situation où une mère d’un enfant sans père connu ou reconnu demande à ce que celui-ci soit adopté par l’homme avec lequel elle vit.
– Soit demander aux mairies, qui sont chargées de cette mission administrative, d’inscrire les deux parents homosexuel·les sur l’état civil de l’enfant, comme certaines municipalités acceptaient jusqu’ici de le faire. Mais avec l’ordre récemment donné aux préfets, cette solution n’est plus possible.
Un enfant de quatre ou six ans, qui avait jusqu’ici deux parents légaux, risque d’en perdre un des deux.
« C’est une véritable homophobie d’Etat qui se met en place par-dessus les corps et les sentiments des enfants et de leurs familles pour imposer un modèle familial unique » comme l’a dénoncé dans le journal Le Manifesto l’ancienne ministre de centre gauche Emma Bonino.
Par ailleurs, le gouvernement veut criminaliser ceux et celles qui ont eu recours à la GPA à l’étranger, les couples qui commettraient ce « délit universel » encourraient jusqu’à 2 ans de prison et 1 million d’euros d’amende.
Enfin, des pressions sont exercées pour empêcher l’administration des universités qui permettaient aux personnes trans ou non binaires de pouvoir être « genré·es » au masculin ou féminin même si cela ne correspond pas à leur état civil, et appelé·es par le prénom de leur choix lors des appels ou des examens, de le faire.
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Saluts fascistes Franco Italiens
Dimanche 7 janvier 2024, plusieurs centaines, voir un millier de néofascistes, se sont rassemblés à Rome devant l’ancien siège du Mouvement Social Italien (parti fondé par des partisans de Mussolini en 1946) pour rendre hommage à 2 militants fascistes tués en 1978, pendant les années de plomb.
Après une marche aux flambeaux, de nuit et au pas cadencé, le crane souvent rasé et habillés de noir, les militants d’extrême droite se sont alignés en peloton et ont levé trois fois le bras en faisant le salut fasciste et en criant « présent », dans une « chorégraphie qui rappelle celle des chemises noires de Mussolini », selon Libération.
La secrétaire générale du Parti démocrate, de centre-gauche, Elly Shlein, a ainsi réagi : « Si vous criez ‘Vive l’Italie antifasciste’ au théâtre, vous êtes identifié, mais si vous assistez à un rassemblement néofasciste avec des salutations et des banderoles romaines, vous ne l’êtes pas. Meloni n’a-t-elle rien à dire ? »
Parmi les groupuscules italiens, des néofascistes français étaient évidemment de la partie. En effet, selon deux journalistes de StreetPress, plusieurs groupuscules français sont allés renforcer les rangs de leurs camarades italiens. On retrouve, parmi les plus notables, des membres de la « GUD Connection », de Génération Identitaire, du RED d’Angers, des fémonationalistes de Némésis ainsi que Xavier Maire, auteur d’un recueil de témoignages de SS.
Ce déplacement de fascistes français en culotte courte pour cette « commémoration » n’est pas une nouveauté, il a lieu depuis plusieurs années.
En France, plus l’extrême droite augmente son audience, plus les groupuscules fascistes sont violents. Ailleurs, lorsqu’elle arrive au pouvoir, ses milices se lâchent en toute impunité.
Résistance, vigilance, ne laissons pas le RN et ses sbires arriver au pouvoir !