SUD éducation : L’antisémitisme nous regarde : combattons-le partout, tout le temps
Une explosion d’actes antisémites
Depuis le 7 octobre, nous assistons en France et dans le monde à une multiplication terrifiante d’actes antisémites : inscriptions taguées, insultes, agressions et profanations. Le 20 octobre, à Paris, un homme a incendié la porte d’entrée d’un couple d’octogénaires sur laquelle était accrochée une mezouzah. Depuis, nombreuses sont les personnes juives en France à avoir retiré de leur porte ce symbole de protection.
Dans l’Éducation nationale, des parent·es d’élèves conseillent à leurs enfants de taire leur judéité et font part aux personnels de leur inquiétude que nos élèves de confession juive soient victimes de la haine antisémite au sein même de l’école. À l’université également, les étudiant·es juif·ves alertent sur une montée de l’antisémitisme, jusque dans les amphis, comme à Panthéon-Assas, où un enseignant a fait un salut nazi en cours et un autre a été suspendu pour avoir plaisanté sur les victimes du 7 octobre.
Regarder l’antisémitisme en face
Dans ce déferlement de haine et la cacophonie médiatique qui en résulte, avec son lot d’instrumentalisations et de récupérations, chacun·e croit connaître et reconnaître les coupables, direct·es ou
indirect·es, mais personne ne regarde les victimes.
En tant qu’organisation antiraciste, ces actes nous révoltent et doivent nous révolter. Nous ne devons ni fermer les yeux ni minimiser leur gravité. L’antisémitisme en France n’est pas un phénomène nouveau ni marginal, il fait partie de l’histoire française depuis des siècles, il n’est pas apparu avec la création d’Israël.
Cette haine a ses principaux promoteurs à l’extrême-droite, mais il est naïf et dangereux de ne pas reconnaître qu’elle traverse toute la société, depuis des stéréotypes et des fantasmes conspirationnistes largement répandus, jusque dans des explosions de violence qui ne semblent jamais avoir de fin : la profanation du cimetière juif de Carpentras en 1990, la torture et le meurtre d’Ilan Halimi en 2006, le meurtre des trois élèves du collège Ozar Hatorah à Toulouse en 2012, la prise d’otages et l’exécution de quatre personnes juives à l’Hyper Cacher de Vincennes en 2015, les meurtres de Sarah Halimi en 2017 et de Mireille Knoll en 2018, etc.
L’antisémitisme prend aussi racine au plus haut sommet de l’État : caricatures antisémites contre Macron par Les Républicains lors de la présidentielle 2017, réhabilitation de Pétain et Maurras par Macron, de Barrès par un député LR, propos antisémites de la part de Darmanin dans un ouvrage. Ou encore Marine Le Pen qualifiant le macronisme comme un « attalisme », une « philosophie du déracinement », un « nomadisme ».
Notre solidarité légitime avec le peuple palestinien dans sa lutte pour sa décolonisation, notre lutte contre le racisme anti-Arabes et l’islamophobie, notre lutte anticapitaliste : aucun de ces engagements ne saurait justifier ou excuser de relayer et de propager des stéréotypes judéophobes, de sous-estimer le sentiment de peur et de solitude des personnes juives en France ces dernières semaines, ou encore de pratiquer le même type d’amalgames que nous combattons ailleurs.
Ainsi, l’injonction implicite ou explicite faite à l’ensemble des personnes juives à se désolidariser de la politique israélienne à
chaque résurgence de la guerre israélo-palestinienne est une assignation identitaire du même ordre que celle qui vise les personnes musulmanes après chaque attentat islamiste. Une assignation que le gouvernement d’extrême-droite au pouvoir en Israël instrumentalise à son tour. Si la deuxième nous indigne ; la première doit nous indigner aussi.
La haine des personnes juives, des personnes musulmanes ou supposées musulmanes ont des mécanismes et des réalités communes, et d’autres qui leurs sont propres. Mais nous devons les considérer toutes les deux pour ce qu’elles sont : des idéologies racistes d’exclusion et de domination. Et c’est notre devoir de les combattre avec la même force.
Entrer en résistance
Pour cela, nous devons résister de toutes nos forces au projet de la droite et de l’extrême-droite qui consiste à isoler l’antisémitisme des autres racismes, voire à les opposer, et en définitive à diviser les opprimé·es pour mieux continuer leur oppression. Il faut non
seulement dénoncer sans relâche les instrumentalisations, les amalgames et les récupérations, mais aussi démontrer notre solidarité pour toutes les victimes de racisme.
N’abandonnons pas l’initiative du terrain et de la rue aux organisations qui se revendiquent de « l’arc républicain », appellation totalement vide, d’autant plus quand elle prétend y inclure des partis d’extrême-droite héritiers de l’anti-dreyfusisme, du nazisme et du pétainisme.
Refusons toute complaisance ou indulgence envers tous propos et actes antisémites autour de nous, sur nos lieux de travail et dans les lieux de militantisme.
Nous exprimons notre solidarité et notre soutien aux personnes juives victimes de la haine antisémite.
Nous le redisons : l’antisémitisme est incompatible avec la lutte antiraciste et anticoloniale. Il est incompatible avec une paix juste et durable entre les Israélien·nes et les Palestinien·nes.
Solidaires Tarn : Extrême droite : hors de nos vies ! Soutien au collectif Golem
Le dimanche 12 novembre, des personnes, juives et alliées, réunies dans le collectif Golem, sont intervenues dans la marche contre l’antisémitisme initiée par Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, marche à laquelle participaient les représentant-es politiques de l’extrême droite.
Le collectif Golem, par des banderoles, des pancartes et des slogans, a dénoncé l’imposture et le scandale d’une participation de l’extrême droite à une marche contre l’antisémitisme. Ces manifestant·es, bien seul·es dans leur action, ont tenté de bloquer la cortège du Rassemblement National, un parti qui, par son histoire et par les idées qu’il porte, n’a rien à faire dans une mobilisation contre l’antisémitisme.
L’action menée par le collectif Golem a été entravée par la répression policière qui s’est abattue sur ses membres. Le collectif a essuyé des coups et des insultes.
L’Union syndicale Solidaires Tarn salue l’intervention du collectif Golem dans cette marche contre l’antisémitisme et lui apporte tout son soutien. Cette action courageuse est venue nous rappeler la nécessité de ne laisser aucune place à l’extrême droite : faire taire l’extrême droite est un combat politique et syndical que nous devons mener partout et tout le temps. L’Union syndicale Solidaires Tarn salue une action qui visait à occuper le terrain pour faire barrage à une extrême droite qui progresse dangereusement.
L’action menée par le collectif Golem a contesté avec force et justesse la légitimité de l’extrême droite à se mobiliser contre l’antisémitisme. Cette présence de l’extrême droite est un affront fait aux personnes juives, aux victimes de violences antisémites,
et plus largement de violences racistes. La lutte contre l’antisémitisme est un des axes autour desquels s’est constitué le camp social auquel nous appartenons, celui des organisations attachées à la défense des droits humains et à la justice. Cette lutte ne saurait être usurpée par des partis dont l’idéologie s’est bâtie autour de l’antisémitisme, qui diffusent des idées racistes et tiennent des propos du même ordre.Nous ne sommes pas dupes de l’instrumentalisation que l’extrême droite fait de la lutte contre l’antisémitisme : elle utilise cette lutte à des fins islamophobes, elle s’en sert pour se « normaliser » et se parer de prétendues vertus républicaines. L’Union syndicale Solidaires Tarn dénonce et combat cette récupération honteuse, elle affirme qu’il n’y a pas de normalisation possible du RN. Des actions comme celle menée par
le collectif Golem sont nécessaires pour casser ce processus.
L’Union syndicale Solidaires Tarn, engagée dans la lutte contre toutes les formes de racisme, s’inquiète de la progression des actes antisémites, accrue depuis les récentes opérations militaires d’Israël à Gaza et en Cisjordanie. La recrudescence des actes antisémites doit être traitée à la hauteur du danger qu’elle représente. Les actes
antisémites commis ne doivent être ni invisibilisés, ni minimisés, ni banalisés. Il appartient à notre camp social de les combattre avec la plus grande fermeté, comme nous devons le faire de tous les actes racistes. L’Union syndicale Solidaires Tarn apporte tout son soutien aux victimes de ces violences et actes antisémites et racistes.
Dénoncer ces actes antisémites, les combattre sur le terrain par nos expressions et nos manifestations n’affaiblit pas le soutien que nous apportons au peuple palestinien, victime de crimes de guerre et de traitements inhumains. La solidarité avec le peuple palestinien doit s’exprimer et se manifester sans aucun compromis, aucune collusion avec les idées antisémites. Dénoncer les actes antisémites ne porte pas atteinte aux appels que nous lançons à un cessez-le-feu immédiat au Moyen Orient, au contraire cela les renforce.
À Albi,
le 14 novembre 2023
Intersyndicale 93 : La confusion, nouvelle arme de la stratégie de normalisation du RN : Les forces progressistes doivent plus que jamais faire front contre “la bête immonde” !
Prise de parole de Sophie Binet le 9 novembre à la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv
Nous tenons à exprimer toute la solidarité de la CGT avec la communauté juive de France victime d’actes antisémites en forte augmentation, ayant parfois de la famille en Israël victime des attaques du Hamas, et ne se sentant au final en sécurité nulle part.
Non, la communauté juive n’est pas responsable de la politique de l’Etat d’Israël
Non, rien ne justifie ou n’excuse jamais l’antisémitisme
Non, critiquer la politique de l’Etat d’Israël, défendre les droits des palestiniens ce n’est pas être antisémite
Oui, il est nécessaire d’identifier l’antisémitisme, cette forme particulière de racisme et de mener des actions spécifiques pour la dénoncer.
Oui, nous avons beaucoup à progresser sur le sujet, y compris au sein du mouvement ouvrier qui a lui aussi longtemps – et encore aujourd’hui – toléré ou minimisé l’antisémitisme.
Merci au RAAR pour le travail qu’il nous aide à réaliser avec la campagne contre « l’extrême droite, le racisme et l’antisémitisme » que nous avons lancée ensemble le 5 octobre dernier lors d’une journée organisée dans le patio de la CGT rassemblant 450 militantes et militants.
L’histoire de l’antisémitisme est intimement liée à l’histoire de France et à l’histoire de l’occident.
Cette histoire, elle coule aussi en partie dans les veines de la CGT qui a été dirigée pendant 40 ans par d’anciens déportés, de Georges Seguy à Henri Krasucki, juif, polonais, résistant, déporté à 18 ans à Auschwitz.
En disant que cette histoire est liée à l’histoire de France, c’est parce que nous avons d’abord, nous, français·e, à faire notre autocritique sur cette question alors que la shoah a été amplifiée par la collaboration de la France. Et c’est ce qui m’échappe dans la manifestation de dimanche.
Comment l’extrême droite et les fils spirituels de ceux qui ont déporté 6 millions de juifs peuvent-ils être acceptés dans des défilés contre l’antisémitisme ?
Henri Krasucki mettait en garde et enjoignait à « ne pas jouer à des jeux politiciens autour de la grave question du racisme et de l’antisémitisme ».
Et c’est exactement le problème aujourd’hui.
Ce message simple semble pourtant malheureusement si compliqué aujourd’hui.
Nous avons besoin d’avoir une classe politique qui soit capable de
Condamner clairement le terrorisme du Hamas, l’assassinat de 1400 civils israéliens et appeler à la libération immédiate des 220 otages
Condamner tout aussi clairement les bombardements de Gaza qui ont déjà fait 10 000 morts palestiniens dont 5000 enfants et demander un cesser le feu immédiat sans condition.
Condamner avec autant de force l’antisémitisme en cessant de le justifier par la question du conflit israélo palestinien, le racisme et l’islamophobie en rappelant sans cesse que ces questions sont au cœur des idéologies d’extrême droite et qu’il est donc de notre responsabilité de maintenir et renforcer un cordon sanitaire Républicain pour empêcher le gravissime processus de banalisation du rassemblement national qui est à l’œuvre.
Dans la période troublée, anxiogène et violente que nous vivons, nous avons besoin de trouver le moyen de sortir de cette terrible polarisation du débat public.
Nous avons besoin d’avoir des phares, des boussoles, équilibrées qui savent donner le cap.
Le RAAR, la LDH et toutes celles et ceux qui s’expriment ici ce soir y contribuent.
Sophie Binet, le 9 novembre 2023